Gerrit Th. Rietveld 1888-1964

Cette exposition est consacrée au designer et architecte hollandais Gerrit Thomas Rietveld (1888-1964). Il s’agit de la première rétrospective en France de l’œuvre de ce créateur.

L’architecte qui a le mieux réalisé les idéaux de Stijl, ce mouvement fondé par Théo Van Doesburg en 1917 et qui s’appuie principalement sur les idées de Piet Mondrian, a été Gerrit Rietveld, au demeurant l’un des plus grands créateurs de ce siècle, aux côtés de Le Corbusier, Ludwig Mies van der Rohe et Alvar Aalto. [ …]

En 1917-1918, Rietveld met au point un prototype de siège en bois, totalement inédit, fondé sur l’analyse de sa structure : la Chaise rouge et bleue. Son aspect évoque plutôt une construction de planches et de morceaux de bois qu’un fauteuil confortable : il s’agit en effet de plans et de barres de section carrée qui sont assemblées à plat, vissés et collés, et affirment les caractères de cette ossature ainsi disposée dans l’espace. […]

Il conçoit sa première réalisation architecturale en 1920 : l’aménagement intérieur du cabinet du Dr Hartog, à Maarssen près d’Ultrecht. Sa publication dans la revue De Stijl en 1923 devait lui valoir un retentissement exceptionnel, qui se manifesta, par exemple, dans l’aménagement du bureau du directeur du Bauhaus de Weimar conçu par Walter Gropius lui-même. […] C’est en 1923-24 que Rietveld passe véritablement à l’architecture. Il reçoit au début de 1924 la commande d’une maison pour Madame Schröder-Schräder. […] Rietveld y a appliqué les principes d’analyse établis avec la Chaise rouge et bleue. Tous les éléments y sont distingués, la structure affirmée, le système de construction rendu évident. […] La Maison Schröder constitue le manifeste architectural du Stijl.

Rietveld représente le cas unique d’un artiste devenu architecte ; il est l’un des plus féconds et puissants inventeurs de formes du 20e siècle. Par l’influence qu’il a exercée aux Pays-Bas, ainsi qu’en Allemagne et en particulier au Bauhaus, notamment auprès de Marcel Breuer, il a joué un rôle déterminant dans la création de l’esthétique moderne.

D’après Serge Lemoine, Le Magazine, n°75, 15 mai-15 juillet 1993