Exposición / Museo
Carte blanche à Valère Novarina
23 abr - 9 jun 2003
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Dans la série Le Regard égoïste, le Cabinet d'art graphique offre une carte blanche à Valère Novarina.Valère Novarina, reconnu comme l'un des grands écrivains français de théâtre, ouvre son champ de création à la mise en scène - après avoir été lui-même acteur - mais aussi à la peinture et au dessin (dans les années 80), il réalise, notamment à La Rochelle quarante huit heures durant, les 2587 personnages du Drame de la vie et aux décors de ses propres pièces.
La série d'expositions "Le Regard égoïste" propose à des artistes - plasticiens, musiciens, écrivains, hommes de théâtre, de science... ou amateurs - de disposer des oeuvres de leur choix dans l'espace du Cabinet d'art graphique.
Valère Novarina, reconnu comme l'un des grands écrivains français de théâtre, ouvre son champ de création à la mise en scène - après avoir été lui-même acteur - mais aussi à la peinture et au dessin (dans les années 80), il réalise, notamment à La Rochelle quarante huit heures durant, les 2587 personnages du Drame de la vie et aux décors de ses propres pièces. Il manie les mots avec une profusion, une ivresse du langage qui déroutent parfois certains et qui cependant s'allient à une rigueur extrême : "il est fou ce Novarina ? Bien sûr mais avec méthode" constate Philippe Sollers dans la préface qu'il vient de consacrer au Drame de la vie à l'occasion de sa réédition.
Montagnard chevronné et assidu (il est né près de Genève et a passé son enfance en Savoie, ce qui l'amènera à s'intéresser au patois savoyard), fervent de musique, qu'il pratique à l'occasion, dévoreur de littérature, écrivain précoce (il rédige en secret ses premiers écrits à l'âge de 10 ans), Valère Novarina est familier des plus grands auteurs et artistes. Il entreprend en 1964 une correspondance avec Samuel Beckett, rédige en 1965 un mémoire sur Antonin Artaud et entretient, entre 1979 et 1985, une correspondance avec Jean Dubuffet. L'intérêt qu'il porte à l'oeuvre de Louis Soutter comme à celle d'Arnulf Rainer qu'il a rencontré récemment dans son atelier, le conduit tout naturellement à une réflexion sur les rapports entre les arts plastiques et son propre travail d'écrivain. Ainsi Dubuffet, qui salue en lui l'inventeur d'"un nouveau statut de l'écrire. Si longtemps attendu", lui écrit-il , le 12 juillet 1980 : "Votre idée qu'on est jeté, non dans un monde mais dans une langue, que c'est la langue et non un sang qui coule dans nos veines, est on ne peut plus fondée. Reste à tirer parti de ce faux sang. Vous y excellez."
Pour Novarina, en effet, le verbe précède l'homme, la langue se nourrit d'elle-même, verte et jubilatoire. Ses livres ressemblent à peu d'autres : y tournoient les mots de l'enfance, les ritournelles, les paroles blasphématoires ou prophétiques.Les inventions lexicales se jouent de la figure humaine, la font basculer. Dans une culbute du sens, l'homme entrevoyant des éclats de démence, de rire - noir et inquiétant - est touché, perd son équilibre et se brise. "Et maintenant homme de rien ! dis sur quoi, ici, a agi ta main !" Dans les arts plastiques, il s'agit, pour Novarina, "de dessiner le temps" qui est "la phrase respirée du monde, le mouvement venu délivrer la matière" et "de montrer en peinture l'espace en suspens : pas celui qui porte, mais celui qui ensevelit."
En réponse à ces idées et sensations, Valère Novarina choisit de montrer des artistes de sa famille, les hors-normes, les briseurs d'humanité, ceux qui, de Dubuffet à Thomas Schütte, d'Antonin Artaud et Fautrier à Günter Brus, en passant par Beuys, Louise Bourgeois ou Arnulf Rainer, crient leur oeuvre. Mais il fait place parallèlement à l'oeuvre plus sereine de Kandinsky ou de Penone. Et tout autant que les souffles exacerbés ou naturels, les hésitations, les effacements, les repentirs dans les dessins sont au coeur de sa proposition.
La sélection des oeuvres, faite dans sa quasi-totalité à partir de la collection de dessins du Cabinet d'art graphique, n'exclut pas cependant la présence d'une peinture d'Asger Jorn, de petites sculptures de Dubuffet, d'Etienne Martin et de Thomas Schütte.Une place particulière est accordée à une série de dessins aux crayons de couleurs aquarellés, réalisés en 1957-1958, de Constant Rey-Millet, peu connu du grand public, mais déjà apprécié par Dubuffet et admiré par Artaud et Giacometti. Ce que Novarina aime avant tout chez cet artiste est le mystère et l'émotion produits par une forme d'inachèvement des dessins, où l'homme est en quelque sorte détruit, recherche qui vient ainsi en écho à ses propres textes d'écrivain.
Quando
11:00 - 21:00, todos los días excepto martes