Geer Van Velde

Cette exposition est consacrée à un important ensemble de dessins de l’artiste néerlandais Geer van Velde, acquis en 1983 par le Cabinet d’art graphique du Musée national d’art moderne. En écho également à une rétrospective présentée à l’Association du LAC-Lieu d’Art Contemporain à Sigean (Aude).

Hors des modes et des systèmes, l’œuvre de Geer van Velde, sans filiation véritable et cependant sensible à l’héritage cubiste, attirée par l’ordonnance et la quasi-monochromie de Mondrian sans jamais aboutir à son radicalisme, se situe à la frontière entre abstraction et figuration.

Sorte de longue méditation sur la lumière, les dessins, comme les tableaux, ont pour sujet le lieu même où la création se fait, confondant ainsi peintre et modèle, modèle et peinture, tableau et atelier. Espaces intermédiaires, passages entre extérieur et intérieur, portes ou fenêtres, signifiés par les modifications et les mouvements de lumière, trouvent leur équivalent plastique en une architecture de lignes qui, peu à peu, se vide pour ne suggérer que la perception de la profondeur. Les surfaces chromatiques, dissociées des fonds, sont découpées et réduites à des fragments, comme pour dégager la vue sur le ciel, sur l’infini ou sur « l’essentiel qui n’est pas le visible, mais notre monde intérieur ».

L’ordonnance de l’espace du tableau ou du dessin s’élabore en une succession de lignes verticales encadrant un vide central. Puis ce foisonnement de traits s’efface au profit du carré, lui-même divisé en quatre. Le centre ainsi marqué, distribue plans et couleurs, pans de lumière ou d’ombre, soulignés par les nuances très réduites des gouaches, aux tonalités fondues, ou par quelques traits de fusain ou de craie.

Le Magazine, n°64, 15 juillet-15 septembre 1991