Debate / Encuentro
Festival / Voix
22 - 24 feb 2012
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La Voix dissociée, une proposition de Paul Bernard. Interview
La ventriloquie est au cœur de votre proposition. Pourquoi cet intérêt ?
PAUL BERNARD – Aujourd’hui, la ventriloquie se résume au spectacle bien rodé du performeur avec sa marionnette sur les genoux. On oublie qu’il s’agit en réalité d’un art très ancien, autrefois associé à la sorcellerie et aux pratiques divinatoires, suscitant fantasmes et angoisses. Un art reposant d’abord sur l’illusion d’une voix émancipée de sa source, que le ventriloque manipule pour la faire habiter d’autres corps. Cette dissociation de la voix et sa reterritorialisation trouvent, me semble-t-il, de nombreux échos dans l’art contemporain.
Quels sont-ils ?
PB – La ventriloquie peut se concevoir comme un phénomène actif et passif, désignant tout aussi bien le pouvoir de parler à travers d’autres que l’expérience d’être soi-même parlé par un autre. Cet art interroge donc l’acte de la création : quelles sont les voix qui ventriloquent un créateur, qui viennent parler à travers lui ? La figure du ventriloque apparaît ainsi de manière récurrente chez certains artistes, qu’il nous suffise de penser à Philippe Parreno ou Laurie Simmons. On en revient toujours à la question « Qui parle ? », comme dirait Beckett.
Votre démarche s’inscrit-elle dans un questionnement sur le rapport du son à l’image ?
PB – Oui. L’illusion sonore du ventriloque déjoue les évidences de la vue. Ce rapport du son à l’image m’a amené à m’intéresser à l’histoire du cinéma, particulièrement lorsqu’il devient « parlant ». Il est remarquable de noter que les premiers films mettant en scène des ventriloques datent de cette même époque. D’une certaine manière, le dispositif du cinéma, reposant sur une synchronie du son et de l’image, est proche de l’illusion ventriloque.
Diplômé de l'EHESS, Paul Bernard est en charge des éditions à l'Institut d'art contemporain de Villeurbanne.
Il a écrit plusieurs articles pour les revues Frog, Zérodeux, 2.0.1 et Volume. Il a été commissaire entre autres des expositions Imbéciles Habitants en 2007 avec François Aubart (Concarneau) et Trompe le monde en 2011 (Bordeaux)
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