Une histoire du cinéma, vol. 15

Cet aperçu de l’année 1969 s’ouvre sur un film à la gestation longue, dont l’élaboration dépasse l’année ciblée par la séance. Le travail de Paul Sharits (1943-1993) sur S:Tream:S:S:Ection:S:Ection:S:S:Ectioned (S:S:S:S:S:S) commence en 1968 et ne s’achève qu’en 1971. Tourné en 8 mm, puis gonflé en 16 mm, S:TREAM:S se compose de six prises de vue de la rivière Roaring Fork à Aspen, Colorado. Aux images du courant de l’eau se superpose, selon une progression précise, un autre flux, celui des rayures sur l’émulsion pelliculaire (accompagnés d’une série de permutations sonores autour de six mots). Œuvre de transition entre sa période « flicker » et celle de ses « refilmages », S:TREAM:S prolonge, selon les mots de Sharits lui-même, ses « questionnements ontologiques centraux sur le cinéma ». 

La matière pelliculaire est au centre des films collages de Joseph Cornell (1903-1972). Commencé à New York la fin des années 1930, The Midnight Party (1938-1968) sera complété par Larry Jordan (né en 1934) à San Francisco à la fin des années 1960, en suivant les instructions de Cornell concernant la duplication de quelques séquences ou le tirage de freeze frames. Collectionneur de films, Cornell façonne, à partir de quelques films de sa propre collection (films féeriques ou de divulgation scientifique, notamment), une exploration des mystères de la nuit. 
Deux courts films de Barry Gerson (né en 1939), Water et Contemplating, clôturent la séance : deux essais d’observation de l’eau (celle d’une piscine et celle de à l’Océan) et ses mouvements. Réunis par l’auteur sur une seule bobine, ils riment de manière inattendue avec S:TREAM :S de Paul Sharits qui ouvrait ce programme hétéroclite.