Debate / Encuentro
L'avenir du passé
Modernité de l'archéologie
23 - 24 nov 2006
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A quoi sert la connaissance du passé ? Depuis la préhistoire, l'interrogation sur les origines est au coeur des préoccupations de l'homme. En inventant l'archéologie, les sociétés modernes ont donné une nouvelle forme à cette quête dont les résultats ont, très tôt, ébranlé les dogmes religieux.
L'interrogation sur les origines est sans doute aussi ancienne que l'humanité, au point que l'on pourrait penser qu'elle la constitue en propre. Depuis les plus anciennes mythologies jusqu'à l'archéologie la plus moderne, cette interrogation est la trame des modalités successives du rapport de l'humanité à elle-même. Et, dès l'Antiquité, on tente d'asseoir l'autorité des mythes sur des vestiges matériels, tandis que s'élaborent les méthodes des premiers historiens. L'établissement de l'archéologie par les sociétés modernes a donné à cette quête des formes, des contenus et des finalités d'un autre ordre, à vocation universelle.
D'emblée, l'archéologie a occupé une place stratégique dans le programme de la Renaissance puis des Lumières en restituant à l'Europe son passé gréco-romain et en contestant les dogmes religieux qui fixaient jusqu'alors la naissance et la chronologie de l'humanité. C'est ainsi qu'émergent au xixe siècle, concurremment avec les travaux de Charles Darwin, la notion d'évolution et celle d'une très ancienne préhistoire de l'homme. Dans le même temps, à l'instar de l'histoire, l'archéologie joue un rôle essentiel dans la construction des identités nationales, y compris dans ses détournements ou ses falsifications.
Aujourd'hui, la construction du savoir archéologique se poursuit à travers l'enrichissement des connaissances, la remise en cause des hypothèses, la prise en compte de la complexité du réel. Au cours des dernières décennies, l'archéologie préventive a permis la sauvegarde d'innombrables vestiges touchés par les travaux d'aménagement. Elle fournit désormais l'essentiel des données nouvelles et connaît un élargissement sans précédent de ses domaines d'investigation. Elle revisite l'histoire matérielle en réduisant la place des erreurs manifestes, des clichés ou des formules réductrices qui écrasent la complexité à l'origine du genre humain.
En stimulant la relecture inlassable du passé par lequel l'homme projette de nouveaux horizons depuis la très longue durée jusqu'à nos jours, l'archéologie donne à l'homme des outils précieux pour échapper à la dictature du présent et tisser les nouveaux motifs de son devenir.
Quels sont les apports de l'archéologie aux interrogations les plus récentes sur la trajectoire de l'humanité, son évolution biologique et cognitive, ses relations à l'environnement, l'histoire de ses techniques de production comme de destruction ?
Comment se nouent les liens entre l'archéologie et les autres disciplines ?
L'archéologie offre-t-elle des outils pour renouveler la réflexion sur les notions de communauté et de territoire ? Peut-elle éclairer la réflexion sur les catégories de peuple et de Nation ?
Permet-elle de mieux appréhender les passions nationalistes et les intégrismes ?
Quelle peut être la contribution de la connaissance des sociétés anciennes à la vie dans la Cité ?
Ce colloque international convie philosophes, historiens, sociologues, psychanalystes, anthropologues, archéologues... à examiner les différents aspects de cette relation de l'homme à son passé et permet de souligner les enjeux contemporains de l'archéologie.