Urs Fischer / Koo Jeong-A

Le Centre Pompidou présente deux installations des artistes, suisse Urs Fischer et coréenne, Koo Jeong-A.

Koo Jeong-A travaille de façon furtive et discrète, avec des éléments parfois éphémères, tandis que Urs Fischer impose un travail d'une grande présence formelle, inscrit dans une tradition sculpturale figurative. L'intérêt pour l'espace privé et son mobilier et le souci d'y suggérer une narration, offrent un point commun à leurs oeuvres. Ils travaillent également tous deux dans l'espace d'exposition comme dans un atelier, qu'ils s'approprient en le transformant.

Koo Jeong-A

Née en 1967 à Séoul (Corée du sud), vit et travaille à Paris.

Koo Jeong-A s'est installée à Paris en 1991, où elle est entrée à l'Ensb-a, dans les ateliers de Christian Boltanski et Paul-Armand Gette. Son oeuvre s'est élaborée souvent en référence au lieu qui a accueilli son travail. L'artiste met en place des installations précaires et provisoires qui interrogent "l'espace entre deux choses stables".

Dans un geste discret et presque intangible, elle installe ici et là des restes de petites matières, du sable, de la poudre, de la poussière ou des éclats de pierre. Elle associe, éloigne, rapproche et juxtapose des papiers froissés, un rouleau de fil ou des boîtes de médicaments, en des archipels sans plan ni hierarchie.

Le spectateur suit des fragments de chemins, mais toute tentative de définition et de délimitation est vouée à l'échec, comme si l'essentiel gisait justement dans la discrétion de leur installation.

Koo Jeong-A instaure un "temps de pause", une respiration, un silence purement spatial, celui du presque rien. Une intensité toute particulière se dégage de ses paysages fragmentaires pris entre ruine et chantier, entre vestige et présage.

Le travail de Koo Jeong-A a été notamment montré au cours des dix dernières années à l'ARC, Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris, à la Galerie Yvon Lambert, Paris, à la Sécession de Vienne ou encore à la Biennale de Venise en 2003. L'exposition de l'Espace 315 du Centre Pompidou suit l'acquisition par le Mnam en 2002 de son oeuvre, Sans titre, 2001(bibliothèque, figurines, objets divers) et constitue sa première exposition monographique dans un musée en France depuis sept ans.

Urs Fischer

Né à Zurich (Suisse) en 1973, vit et travaille entre Los Angeles, Zurich et Berlin.

Urs Fischer est un "sculpteur sculpteur " sans l'aspect passéiste que suggère cette notion. Comme Dieter Roth, Franz West, Charles Ray et Paul Thek, il est avant tout investi dans la tradition sculpturale sans être traditionnel.

Urs Fischer emploie des matériaux qui sont disponibles dans les quincailleries à proximité de son atelier (bois, cire, polystyrène, miroir, verre, pigment, plastique, colle) aussi bien que des objets trouvés et des matières organiques tels que des fruits. Avec une virtuosité désinvolte, il transforme toutes ces marchandises en des sculptures puissantes, fabriquant souvent ses expositions in situ. Son sens de l'humour aigu et son répertoire de blagues par lesquelles il s'auto-déprécie nourrissent cet art de l'improvisation.

La source de sa radicalité ne peut pas uniquement être attribuée à l'innovation de formes et de processus, mais à son engagement paradoxalement classique dans les genres historiques de l'art. Fischer a construit avant tout sa pratique sur un dialogue avec le genre historique de la Vanité, ou plus exactement de la nature morte. Il travaille souvent autour d'objets ordinaires de la vie (chaises, tables , verres, lits, étagères, etc.) qu'il modifie ou transforme afin de les rendre aussi maladroits, confus ou accablés que les sujets qui sont supposés les utiliser. Parmi les objets ménagers présents dans son oeuvre, les chaises occupent la place d'honneur. Elles ne sont pas de simples réceptacles pour le corps humain. Elles sont plus exactement des prothèses pour la psyché et ont autant de variations que Fischer a d'humeurs et d'envies.

L'exposition d'Urs Fischer dans l'Espace 315 est la première présentation de son travail à Paris. Il a été remarqué récemment par des expositions en galeries (Galerie Eva Presenthuber, Zurich, Sadie Coles HQ, Londres : Gavin Brown's Enterprise, New York) et à Venise, où il a exposé dans la section "Préludes" de la Biennale d'art contemporain 2003.