Archives
Fonds Edouard Albert
1922 - 1978
Fonds Edouard Albert
1922 - 1978
Material importance | 56 boites d'archives dont 1 boite grand format, 18 plaques de verre, 11 bandes sonores magnétiques. |
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Location | Bibliothèque Kandinsky - MNAM-CCI - Centre Pompidou, Paris |
Fund presentation
Le fonds contient quelques documents permettant de retracer la scolarité d'Edouard Albert mais les sources restent lacunaires. Le curriculum vitae détaillé de l'architecte, des clichés photographiques et un unique projet d'architecture à l'Ecole des Beaux-arts sont les seules traces de son travail avant l'obtention de son diplôme en 1937. Par ailleurs, le fonds reste muet sur sa courte carrière de modéule et de dessinateur d'affiches publicitaires. L'essentiel du fonds est composé de documents relatifs à des projets d'architecture. L'inventaire a permis de mettre en évidence une cinquantaine d'études. Certaines sont relatives à des projets, d'autres concernent des bâtiments effectivement réalisés. L'inventaire en cours des plans conservés au MNAM-CCI fait apparaitre des projets qui ne sont pas représentés dans le fonds de la bibliothèque du musée. Néanmoins, le fonds Edouard Albert accessible à la Bibliothèque Kandinsky permet l'étude de la plupart des bâtiments de l'architecte et couvre l'ensemble de sa carrière de la fin des années 1930 à sa disparition en janvier 1968.
Les projets concernent une grande variété de programmes. Le logement individuel est représenté par plusieurs projets des années 1930 aux années 1950 et permet d'illustrer le passage d'une architecture encore académique à l'architecture préfabriquée dont il devient l'un des promoteurs en France après la Libération. Le logement collectif occupe une place importante avec plusieurs projets d'immeubles dont certains relativement méconnus à l'instar de la "Résidence Plein Ciel" (1967). L'architecture religieuse est représentée par cinq projets traduisant l'évolution des techniques et des formes employées par Albert. Plusieurs réalisations d'écoles préfabriquées et deux projets de campus universitaire (faculté de Jussieu et faculté de Tours), ainsi que la bibliothèque de Nanterre illustrent l'architecture universitaire imaginée par Edouard Albert. Enfin, le projet de "garage préfabriqué", le centre d'aviation légère et sportive à Etampes et le projet d'île artificielle à Monaco ancrent l'architecture d'Albert dans un XXème siècle qui voit émerger de nouveaux types de programmes.
Quantitativement, les sources ne sont pas homogènes. Certains projets à l'image de l'"Amphithéâtre Jean Vilar" (1962) sont particulièrement bien documentés. Les notes de l'architecte sont accompagnées de la correspondance, des plans des différentes étapes du projet et de reportages photographiques. D'autres projets ne sont connus que par une simple note ou un tirage photographique. C'est par exemple le cas de "l'école départementale de neige et d'altitude" à Valberg (1959). La quantité de sources disponibles n'est pas nécessairement fonction de l'importance du projet dans la carrière de l'architecte. Son oeuvre la plus connue -le "Gratte-ciel n°1" rue Croulebarbe- n'étant représentée que par des photographies et des coupures de presse.
Le fonds conserve également la trace de projets de mobilier et d'urbanisme, autre facette de la production de l'architecte. Le dossier relatif au "siège-perfectionné" pour lequel un brevet est déposé en 1967 est particulièrement complet. Son implication dans le projet de "Paris-Parallèle" offre un aperçu de la vision d'une ville moderne selon Edouard Albert. Outre son travail d'architecte, Edouard Albert a également été enseignant à l'Ecole Nationale Supérieure des Beaux-arts de Paris et auteur de textes théoriques sur l'architecture. Le fonds conserve les manuscrits de deux ouvrages publiés après la disparition de l'architecte : "Un abécédaire d'architecte" et "Pour une architecture spatiale". Les documents relatifs aux conférences et aux articles qu'il publie principalement dans la revue "Architecture d'Aujourd'hui" offrent des sources pour comprendre les principes qui régissent sa pratique d'architecte.
Artists/personalities
Biography
Edouard, Eugène, Léon Albert est né le 8 juillet 1910 à Paris. Alors qu'il a douze ans, son père meurt. Il poursuit cependant sa scolarité et obtient son baccalauréat en 1927. Après son service militaire, grâce au soutien financier d'amis de la famille et sur les conseils de l'architecte Louis Madeline, Edouard Albert se présente au concours d'admission de l'Ecole des beaux-arts. Il est reçu premier sur sept cent cinquante candidats. Edouard Albert entre dans l'atelier Debat-Ponsan et obtient son diplôme dès 1937.
Le jeune architecte se tourne alors vers une toute autre carrière. Il devient modéliste pour de célèbres couturiers tels que Dior, Paquin ou Piguet et dessine des affiches publicitaires pour de grandes enseignes. A partir de la fin des années 1930, Albert doit ses premières commandes d'architecture à son réseau familial et à ses proches amis. Il construit notamment une usine à Dreux (1939) pour le père de l'un de ses camarades de lycée et conçoit la maison d'une amie de sa tante à Galluis, la " maison de week-end " de madame Frey (1940). Sous l'Occupation, l'architecte construit relativement peu et sa carrière est surtout marquée par un important projet d'église pour Mantes-la-Ville (non réalisé, 1941-1943).
Il faut attendre la Libération pour que la production de l'architecte connaisse un certain essor. A partir de la fin des années 1940, il s'éloigne progressivement d'une production encore académique pour se tourner vers la préfabrication. Ces recherches aboutiront à la maison " Minimax " présentée en 1954 au Salon des arts ménagers. Parallèlement la notoriété croissante de l'architecte le conduit vers des projets plus ambitieux. En 1954, il reçoit la commande du siège de l'Epargne de France, rue Jouffroy à Paris. C'est dans le cadre de ce chantier qu'il fait la connaissance de l'ingénieur Jean-Louis Sarf avec lequel il met au point une structure composée de tubes métalliques. La façade de l'immeuble exprime clairement l'ossature tout en ménageant de grands espaces vitrés. Le remplissage aléatoire de la trame contraste avec le caractère systématique de la structure préfabriquée. Albert collabore ici avec le plasticien Edouard Pignon qui réalise une fresque sur ciment dans le hall. L'architecte reçoit en 1958 le grand prix du Cercle d'études architecturales (CEA) pour cette réalisation dont on retrouve les principes dans ses oeuvres les plus célèbres : le "Gratte-ciel n°1", rue Croulebarbe à Paris (1960) et l'immeuble d'Air France à Orly (1961).
L'architecture d'Albert s'enrichit au cours des années 1960 à travers de nouvelles recherches formelles et théoriques qui le conduiront notamment à imaginer une île artificielle (1966) composée à partir de la figure géométrique du dodécaèdre. Malgré l'importance des recherches techniques et la dimension toujours croissante de ses projets, Albert s'attache à apporter une dimension poétique à ses réalisations en collaborant très en amont du projet avec des artistes plasticiens. Le centre culturel qu'il imagine pour la Défense en collaboration avec Jean Vilar prévoit ainsi d'intégrer des réalisations des peintres Jacques Lagrange, Joan Miró, Alfred Manessier, Maurice Estève, ou encore Léon Gischia. L'oeuvre d'art est alors indissociable du bâtiment avec lequel elle fait corps et compose l'espace au même titre que la lumière ou la structure. En janvier 1968, alors qu'il travaille à la réalisation du campus de Jussieu où de nombreux artistes de la Nouvelle école de Paris sont amenés à collaborer, Edouard Albert meurt prématurément. Cette disparition entraine l'abandon de plusieurs projets dont seules les archives permettent aujourd'hui de témoigner.
La réception d'Edouard Albert en Histoire de l'Architecture se résume souvent à quelques projets emblématiques, à l'image du premier immeuble de grande hauteur construit à Paris. En revanche, le fonds Edouard Albert conservé à la Bibliothèque Kandinsky permet de retracer les multiples facettes de son travail et de redécouvrir une oeuvre théorique riche de deux manuscrits d'ouvrages et de nombreux articles.