Debate / Meeting
Jacqueline Lichtenstein
19 Feb 2005
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Jacqueline Lichtenstein, née en 1947, est une philosophe et historienne de l'art française, actuellement professeure d’esthétique et de philosophie de l’art à l’Université Paris IV-Sorbonne.
Le travail de Jacqueline Lichtenstein se développe comme une réflexion sur l'art des XVIIe et XVIIIe siècles, les spécificités de la pensée artistique et le fonctionnement des discours sur l’art, la théorie de l'art, ainsi que sur l'évolution des figures de l'amateur entre le XVIIe siècle et l'époque contemporaine.
Jacqueline Lichtenstein est une ancienne élève de l’École normale supérieure, agrégée de philosophie, elle a notamment enseigné à l'Université de Berkeley, à l'Université de Paris X-Nanterre et à l'Université Paris IV-Sorbonne et publié de nombreux articles dans des revues françaises et américaines.
Elle est actuellement Directrice adjointe de l'UFR "Philosophie et Sociologie" de l'Université Paris 4 Sorbonne, où elle dirige la formation de Master "Esthétique et Philosophie de l’art". Elle est par ailleurs responsable de la collection « Essais d'art et de philosophie » (Esthétique et Philosophie de l'art), fondée par Henri Gouhier en 1949, des Éditions Vrin.
Jacqueline Lichtenstein a notamment abordé la question des réceptions multiples (philosophique, artistique, sociologique, éthique...) de la couleur dans sa relation antagoniste au dessein. Philosophiquement suspecte à cause de son caractère matériel, moralement coupable en raison de son éclat séducteur, la couleur a en effet longtemps été jugée esthétiquement dangereuse : source d'un plaisir et d'une beauté qu'on ne sentait pas immédiatement raccordables au Vrai et au Bien. C'est là un des aspects du conflit que la raison entretient avec l'univers des formes sensibles, et ce qui fait que la peinture (que l'on ne peut réduire au dessin) est un péril pour toute harmonie de savoir, toute ordonnance de théorie : tout discours qui doit faire en elle l'expérience de son insuffisance.
Enquêtant à travers les siècles de ce conflit, Jacqueline Lichtenstein rencontre d'abord dans sa réflexion la pensée platonicienne qui frappe d'une même condamnation - et ainsi associe entre elles - la couleur du peintre et l'éloquence de l'orateur. Voici liés, définitivement, les arts de la parole et ceux de l'image. Mais cette archéologie du problème a pour but l'analyse du grand moment où, en France, au XVIIe siècle, Roger de Piles, le chef de file des Rubénistes, c'est-à-dire des partisans du coloris, rompt avec la tradition platonicienne, fait l'apologie de l'illusion, du fard, de la séduction - de la part féminine, et donc suspecte et maudite de la représentation - y reconnaît l'essence de la peinture. Pour la première fois un discours se met en place, qui insiste sur ce qui fait que la peinture est peinture.
Désormais celle-ci est définissable comme ce qui se refuse au langage. On ne pourra parler du tableau, mais du regard qui le voit. C'est la naissance de l'esthétique, au sens que prend ce mot au XVIIe siècle.
Programmation / intervenant(s) :
DDC / Revues parlées / Mnam/Cci - Marianne Alphant - Philippe-Alain Michaud.
When
From 4:30pm