Turin, berceau du cinéma italien - Turin capitale engagée

Antonio Gramsci, qui exerce à Turin une grande partie de son activité politique pour laquelle Mussolini ordonne son incarcération, avait émis la thèse de Turin comme ville-laboratoire, le lieu où la politique italienne expérimentait de nouveaux équilibres provenant d'une forte opposition sociale. Il avait remarqué combien l'industrie cinématographique turinoise était vivante, animée, sensible

à ce qui se passait dans la société. Il est un fait que presque toutes les images, peu nombreuses, qui traite de la guerre des partisans italiens ont été réalisées autour de Turin. Mais surtout, Turin a eu un rôle bien précis au sein de la critique cinématographique italienne : un véritable laboratoire d'idées, un centre de débats comme en témoignent la naissance régulière de revues, de centres de discussion, de chaires universitaires consacrées au cinéma.

Paolo Gobetti, un intellectuel parmi les plus lucides, dirige en 1962 Grèves à

Turin associant une sensibilité qui lui vient de la connaissance du cinéma direct à une passion politique profonde et non rhétorique. Dans les années

1968, le Collettivo Cinema Militante turinois est un des centres les plus actifs de toute l'Italie non seulement en ce qui concerne le débat théorique mais aussi pour la réalisation de ciné-tracts, productions cinématographiques dont l'objectif est l'intervention politique. C'est précisément pour cela que deux réalisateurs du cinéma officiel comme Ettore Scola et Francesco Maselli tournent à Turin Trevico-TurinVoyage dans le Fiat-nam, sur les luttes ouvrières en cours et Le Soupçon, sur les divisions internes de la gauche pendant la dictature fasciste. Et plus récemment, Mimmo Calopresti, déjà auteur de documentaires sur la classe ouvrière et sur la FIAT, affronte, pour la première fois dans le cinéma italien, un thème complexe et douloureux comme le terrorisme, qui a connu un développement et une histoire différentes de ce qui s'est passé dans le reste de l'Italie