Cinema
Regardez, le ciel, Escargot, Le Soleil couchant
25 Nov 2018
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Naomi Kawase, Escargot (Katatsumori), Japon, 1994, Beta (format d’origine : 8 mm gonflé en 16 mm), 40’, coul., vostf et angl., inédit
Cette exploration de la vie quotidienne de Naomi Kawase avec sa grand-mère adoptive saisit leurs sentiments d’amour, de perte et de solitude, alors que Naomi entre dans l’âge adulte et s’apprête à quitter la maison. Sa caméra serre en très gros plans le visage d’Uno qui parle, jardine, mange. Elles s’interpellent, se disputent, se retrouvent, sachant que les choses sont en train de changer définitivement.
Escargot, qui compose avec Regardez, le ciel (1995) et Le Soleil couchant (1996) une trilogie consacrée à Uno Kawase, a reçu le Prix d’excellence de la section New Asian Currents au festival de Yamagata, en 1995.
« Lorsque Naomi Kawase filme sa grand-mère, celle-ci sourit puis finit par être gênée par le regard insistant de la caméra. « Arrête ! », demande-t-elle, agacée et heureuse à la fois. La cinéaste continue pourtant à tourner et franchit ce faisant un seuil d’impudeur. L’insistance et le retrait : deux termes qui qualifient le mouvement complexe des films de Kawase. » Érik Bullot, Éloge de Naomi Kawase, Cinéma 08, automne 2004
« Ma tendance à filmer en gros plans, le désir de m’approcher le plus près possible de quelque chose étaient là dès le début. Et quand je suis aussi proche, je veux toucher. Je veux parler de toucher l’objet matériel, mais c’est aussi, en fait, l’intérieur de mon sujet que je voudrais approcher. Même si ce genre de proximité est effrayant, le désir de m’approcher est irrésistible. Lorsque je filme en 8 mm, tout ou presque est en gros plans. Je n’utilise presque jamais de longue focale. Je filme de plus en plus près, jusqu’à ce que je puisse presque toucher le sujet. » Naomi Kawase, entretien avec Aaron Gerow, festival de Yamagata, 2000
Naomi Kawase, Regardez, le ciel (Ten, mitake), Japon, 1995, Beta (format d’origine : 16 mm), 10’, nb & coul., vostf et angl., inédit
Uno Kawase, dans un ralenti poignant, fait brûler le contenu d’une poubelle dans son jardin. Au son, on entend sa voix laissant un message sur le répondeur de Naomi.
Le deuxième film de la trilogie, après Escargot (1994) et avant Le Soleil couchant (1996), sur l’attachement entre Naomi Kawase et sa grand-mère adoptive, au moment de leur séparation.
Naomi Kawase, Le Soleil couchant (Hi wa katabuki), Japon, 1996, Beta (format d’origine : 8 mm gonflé en 16 mm), 45’, coul., vostf et angl., inédit
Dans ce troisième volet du triptyque consacré par Naomi Kawase à sa grand-mère, la cinéaste explore la transmission et les tensions du vieillissement et de la séparation. La pluie, les semis, les fleurs, la récolte, les souvenirs et les discussions, les repas partagés : quand Naomi Kawase revient à la maison, tout ce qu’Uno lui a transmis et ce qu’elles voudraient partager toujours ressurgit, malgré le passage du temps.
« Les portraits de sa grand-mère, qui obéissent au rythme des travaux du jardin potager et au cycle des saisons, sont pris eux-mêmes dans le double rappel de l’absence : celui d’une enfance sans père et celui d’un âge adulte à venir sans grand-mère. D’où l’importance du quotidien, du vernaculaire, de l’infra-ordinaire comme exacerbation du présent : les fleurs dans la lumière, le filet d’eau du robinet, les gouttes de pluie, le sarclage du jardin, le poisson frit dans la poêle, les nuages qui passent sont autant d’illuminations fugaces qui éclairent notre perception du temps. » Érik Bullot, Cinéma 08, automne 2004
Prochaine séance le samedi 5 janvier
When
3pm - 4:45pm