Arnold Schonberg, Vassili Kandinsky

Les œuvres scéniques La Main heureuse d'Arnold Schoenberg (1910-1913) et La Sonorité jaune de Vassily Kandinsky (1909) illustrent l'amitié entre les deux hommes et la convergence de leurs vues artistiques à cette époque, reflétées dans leur correspondance. Mais au-delà de ces circonstances personnelles, leur saisissante conjonction marque le moment précis où les avant-gardes historiques décident moins de produire des spectacles en rupture avec la tradition, que de mettre en scène la rupture elle-même. Toutefois, les réponses esthétiques apportées par les deux œuvres sont loin d'être identiques, notamment pour ce qui est de la représentation des actions humaines. Elles anticipent plutôt les trajectoires sociales divergentes de ces deux mouvements fondateurs de l'art du vingtième siècle : l'atonalisme et l'abstraction.

Par Esteban Buch, musicologue, directeur d'études à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales de Paris.