Cinema
Soirée d'ouverture
25 Jan 2017
The event is over
Avec les artistes invités, Hors pistes propose des « Traversées » : pleine mer, bateau, pirate, donnée, voile, croisière, naufrage…
Lors de cette soirée d’ouverture seront présents, au travail, Enrique Ramirez, Mare Liberum et Colette Magdziak.
Traversées sur et sous les eaux. Bateaux débordants sans fin de marchandises, épaves et canots charriant les peuples en fuite. Traversées de données, invisibles câbles sous-marins tapissant les fonds. Ces eaux, théâtres d‘enjeux capitaux, recouvrent 70 % de la surface de notre planète. Aujourd’hui, elles génèrent, 60% des écosystèmes dans le monde, connectent 85% de nos algorithmes, font transiter quelque 9,8 milliards de tonnes de marchandises. En Méditerranée, plus de 300 000 réfugiés et migrants ont tenté la traversée en 2016.
Libre de droit dans les eaux internationales, aux frontières parfois floues sur les littoraux, abusée par les pirates, les passeurs, les corsaires de tous les âges, la mer est un territoire mythique, des explorateurs d’hier aux migrants d’aujourd’hui avalés par les flots. Les mots, les couleurs, les images, les voix, les musiques contribuent à en dessiner les contours, à en saisir les mystères, d’Homère à Virginia Woolf, de Gaston Bachelard à Frank Kafka, de Fernando Pessoa à Federico Fellini, de Conrad à Godard, de Moby Dick à Barbe noire… Vague à l’âme, prendre le large, naviguer sur internet, surfer sur la toile, pirate du web et des mers du sud, streaming et courants … : la mer déferle avec les mots sur nos récits, nos images, nos imaginaires, nos inconscients.
Hors pistes plonge dans cet espace métaphorique et propose des « Traversées ». Chacune interroge un mot : Pleine mer, bateau, marin, pirate, carte, chant, ciel, câble, donnée, voile, croisière, expédition, superstition, naufrage, mort. Une odyssée dont les artistes tiennent la barre.
"Traversées" vu par Fabrice Reymond
Traversée des corps et des époques.
Traversée de nos espoirs de transformations.
Traversée de l'espace de nos cerveaux, de l'océan blanc de ses possibilités.
Traversée des marchandises,
avant même la roue, circulation des trésors du sol et de nos mains,
pure alchimie du commerce : ce qui revient n'est pas ce qui est parti.
L'horizon est le rideau du magicien ou du trafiquant,
on ne veut pas voir ce qu'il y a derrière.
Traversée du danger qui nous arrive et de celui qu'on va chercher.
La mer rapporte toujours ce qu'on lui jette,
les dominations et les pollutions font le tour des continents
comme de " l'encre indélébile déversée dans le Gulf Stream".
Traversée de notre orgueil qui construit des immeubles dans l'eau,
porte-containers ou porte-vacancières et des pays off shore pour milliardaires.
Idéal libéral, les océans circulent sans entraves,
mondialisation de la mondialisation, la traversée nous décolle du paysage.
Traversées des eaux qui nous séparent.
Encore et encore comme une couture qui rapproche les continents à la dérive.
Dans le silence des abysses, Prométhée tisse la toile en fibre optique de la communication à haut débit et à terre on se débat dans les filets de l'information.
Traversée de nos histoires, géolocalisation des affects.
La mer fait le tour de nos territoires et nous dit où vivre.
Traversée de sa puissance quand tous nos sens sont à la proue, prêts à l'abordage.
Se laisser traverser par ce qui arrive, traversée verticale comme la migration des âmes.
Les traversées dessinent les traits changeant de nos caractères.
Traversée de nos souvenirs.
Dans la carcasse de fer des bateaux comme dans la tête de Mnémosyne,
traversée des mots, des langues, des civilisations.
Des légendes de nos cartes à celles de nos ancêtres,
la traversée traduit les mots en vagues puis les vagues en mots,
sur l'eau naviguent tous les sens.
Traversée des origines.
La mer est l'Ouvert de l'homme, le ventre où il vit, marche et respire,
les villes sont les vêtements que l'on porte, la mer le monde en nous.
Les anguilles naissent toutes dans la mer des sargasses, elles naviguent ensuite jusqu'en Europe avant d'y retourner pondre.
La traversé est le jardin de l'attente, le temps de devenir le souvenir des autres.
Traversée par la chaleur des pins et de ton souffle.
La belle de Jaufré Rudel mourut alors qu'il descendait du bateau pour la retrouver,
amour de loin,
traversée des sentiments qui naissent de l'espace qui nous sépare
Fabrice Reymond
When
6:30pm - 9pm