Studio Klarenbeek & Dros
Mycelium Chair, 2018-2019
Le champignon, « plastique » du futur ?
Le design est sans doute l’un des domaines artistiques les plus attentifs aux préoccupations liées à l’environnement et au développement durable. La Mycelium Chair du Studio Klarenbeek & Dros, d’apparence biomorphique, entre le minéral et le végétal, proche d’une sculpture, semble sortie tout droit d’un conte de fée. Elle relève de l’ordre du merveilleux par son étrange matière poreuse d'où surgissent des champignons. N’avons-nous pas déjà tous rêvé de nous assoir sur un champignon géant ?
Présentée pour la première fois en 2018, lors de l’exposition au Centre Pompidou « La Fabrique du vivant », la chaise est élaborée à partir d’une structure imprimée en 3D dans laquelle se développe le mycélium (le reishi, un champignon particulièrement résistant) – lui aussi imprimé numériquement – dans un mélange d’eau, de chanvre et de sciure. Quand le champignon prolifère de façon significative, le designer dessèche la structure et obtient une forme maintenue grâce au mycélium qui fait alors office de « colle vivante ».
Adieu aux épaves de meubles fabriqués à la colle toxique et abandonnés sur les trottoirs… Ce matériau révolutionnaire, tout à la fois écologique et esthétique qui, une fois séché, est stable et renouvelable, offre une liberté exceptionnelle dans la conception du design du futur et pourrait trouver de nombreuses autres applications dans les produits et objets de la vie quotidienne.
Design social et technologie
Klarenbeek & Dros est un duo de designers qui rassemble Eric Klarenbeek (né en 1978) et Maartje Dros (née en 1980), tous deux formés à l’Académie de design de Eindhoven. Installés à Zaandam aux Pays-Bas, ils travaillent avec des équipes réunissant des artistes, des designers, des architectes et des artisans locaux. Leurs moyens de fabrication innovants, comme l’usage de la biomasse dans l’impression 3D, ouvrent de nouvelles perspectives pour un design à la fois écologique et économique qui favorise également les ressources locales.
« Je recherche de nouveaux sens et principes dans les objets, des liens inexplorés entre les matériaux, les méthodes de production, les fabricants et les utilisateurs », explique Erik Klarenbeek.
Économie circulaire
En 2017, le studio Klarenbeek & Dros développe avec l'Atelier Luma une alternative au plastique avec le projet Algae Lab : une vaisselle de contenants, répliques de pièces romaines antiques du Musée départemental Arles Antique. Ces objets sont imprimés en 3D grâce à un bioplastique à base d’algues et d’un biopolymère à base de sucre. En faisant pousser localement ces algues, les designers font l’expérience d’une chaîne de production circulaire.
Pour aller plus loin
Studio Klarenbeek & Dros en 7 dates
1978 Naissance d’Eric Klarenbeek à Amsterdam.
1980 Naissance de Maartje Dros à Texel, île néerlandaise au nord des Pays Bas
2003 Eric Klarenbeek obtient le diplôme de l’Académie de design d’Eindhoven
2004 Création du Studio Klarenbeek & Dros. Projets de recherche et développement en aménagement urbain pour le ministère néerlandais de l'infrastructure et de l'environnement
2011 Première impression 3D à base de filaments de mycelium. Recherche sur l’usage de la biomasse en design
2017 Projet Algae Lab, fondation Luma à Arles : création d’une vaisselle à base d’algues
2019 Participation à l’exposition « La Fabrique du vivant », Centre Pompidou, Paris
Le studio Klarenbeek & Dros
Site internet
Présentation de la Mycelium Chair par Klarenbeek and Dros
dans le cadre de l'exposition « La Fabrique du vivant » au Centre Pompidou, Paris, en 2019
Durée : 1’30
3D-printed mushroom roots "could be used to build houses"
Erik Klarenbeek présente Mycelium Chair lors de la « Duch Design Week » en mars 2014, expliquant que cette technique pourrait être réutilisée pour créer des structures plus grandes et plus complexes.
Réalisation : James Pallister – Production : Deezen
Durée : 3'
(en anglais)
Maartje Dros à propos du projet Algae Lab :
recyclage des algues et fabrication de répliques de récipients antiques
Réalisation : Alexandre Humbert – Production : Atelier Luma/Luma Foundation
Durée : 2’40
(en anglais, sous-titrages en français)
Dans la collection du Musée national d'art moderne :