Todd Haynes, mythologies
S’il s’amuse à dire qu’il a découvert le cinéma à travers la figure éminemment populaire de Mary Poppins, l’ensemble de l'œuvre de Todd Haynes, débutée alors qu’il n’a que 17 ans avec un court métrage au titre volontairement provocateur, The Suicide, retourne méticuleusement les mythes fondateurs de l’Amérique. Né en 1961 en Californie, il appartient aujourd’hui, aux côtés de Kelly Reichardt et Gus Van Sant, à une famille de cinéastes américains indépendants ayant grandi au cœur de la contre-culture. Dès Superstar : The Karen Carpenter Story (1988), moyen métrage qui revient sans fard sur le destin de la chanteuse iconique au moyen de poupées Barbie (achevé en 1987, mais interdit dès sa sortie) et Safe, second long métrage dans lequel Haynes dirige Julianne Moore pour la première fois (1995), le cinéaste, qui revendique son homosexualité, questionne les normes sociales, sexuelles, artistiques, pour mieux les dépasser.
Dès Superstar : The Karen Carpenter Story (1988), moyen métrage qui revient sans fard sur le destin de la chanteuse iconique au moyen de poupées Barbie et Safe, second long métrage dans lequel Haynes dirige Julianne Moore pour la première fois (1995), le cinéaste, qui revendique son homosexualité, questionne les normes sociales, sexuelles, artistiques, pour mieux les dépasser.
Concevant le cinéma comme l’art de l’artifice, Todd Haynes signe des mises en scène flamboyantes. Mêlant fascination du sujet et puissance du cinéma, il interroge les figures artistiques les plus éminentes des 19e et 20e siècles – Arthur Rimbaud (Assassins : A Film Concerning Rimbaud, son film de fin d’études à Brown University, inédit, 1985), Jean Genet (Poison, son premier long métrage, 1991), Bob Dylan (I’m Not There, 2007), le Velvet Underground (2021) – mais aussi le glam rock à travers Velvet Goldmine (1998). Il revisite également les genres, en particulier le mélodrame, en s’inspirant de Douglas Sirk dans Loin du paradis (2002), ou dans Carol, qui remporte la Queer Palm au festival de Cannes en 2015 et dans lequel il dirige Cate Blanchett et Rooney Mara. Le film d’investigation Dark Waters (2019), avec Mark Ruffalo, est, quant à lui, un hommage au cinéma paranoïaque américain des années 1970.
Son nouveau film, May December (2023), avec Julianne Moore, Natalie Portman et Charles Melton, sélectionné en compétition au festival de Cannes, sera projeté lors d’une avant-première exceptionnelle en clôture de la rétrospective.
À l’occasion de cette rétrospective, Todd Haynes présente l’ensemble de son travail, y compris pour la télévision : la mini-série Mildred Pierce, avec Kate Winslet, pour HBO, sa participation au film collectif sur le compositeur américain Stephen Sondheim (Six By Sondheim, 2013), un épisode de la série Enlightened (2013) créée par Mike White et Laura Dern et enfin, Dottie Gets Spanked (1993), dans lequel il évoque avec humour et ironie son obsession de petit garçon pour la star télévisuelle Lucille Ball. Son nouveau film, May December (2023), avec Julianne Moore, Natalie Portman et Charles Melton, sélectionné en compétition au festival de Cannes, sera projeté lors d’une avant-première exceptionnelle en clôture de la rétrospective. Il sera accompagné de son pendant, le court métrage inédit Image Book, réalisé pour la collection « Où en êtes-vous ? » initiée par le Centre Pompidou, à la fois film de fabrique, de coulisses, et prolongement bergmanien, également projeté en préambule de la masterclasse. ◼
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Cate Blanchett dans Carol de Todd Haynes (2015)
© Number 9 Films Limited © Wilson Webb