Le design est un jeu d'enfant !
Alors que, depuis plusieurs décennies, l’enfance est au cœur des préoccupations sociétales, cette exposition explore le renouveau du design grâce à ces « petits mondes », débouchant sur de nouvelles typologies d’objets joyeux et outils ludiques d’apprentissage, ouvrant à la créativité. De l’Allemagne à la France, en passant par le Danemark ou l’Italie, les plus grands designers, tels Alvar et Aino Aalto, Charles & Ray Eames, Jean Prouvé, Nanna Ditzel, Bruno Munari, matali crasset, se sont intéressés à la conception d’objets dédiés à l’enfant. Loin de la miniaturisation d’objets pour adulte, le mobilier pour enfant acquiert rapidement une réelle autonomie et se dote d’une spécificité propre.
Loin de la miniaturisation d’objets pour adulte, le mobilier pour enfant acquiert rapidement une réelle autonomie et se dote d’une spécificité propre.
Au début du 20e siècle, avec l’essor des théories de l’apprentissage et de l’éducation, ainsi au Bauhaus, en Allemagne, l’enfant se met à occuper une nouvelle place au sein de la structure familiale et de l’espace social. La chambre d’enfant devient dès lors un sujet en soi, dont s’emparent les créateurs de la modernité. En France, en 1923, Pierre Chareau présente au Salon des artistes décorateurs « un coin enfant » qu’il traite avec une grande liberté de création. L’émergence du mobilier pour enfant et la constitution d’un espace propre convergent avec les bouleversements dans l’habitat provoqués par la révolution industrielle. De grandes firmes comme Thonet à Vienne ou Baumann en France, à l’origine de la démocratisation du mobilier de série au début du 20e siècle, prennent en charge la production de meubles dédiés aux enfants, dans un esprit de rationalisation. Avec le développement progressif de l’éducation pour tous ou des écoles alternatives, et plus généralement d’une politique d’équipements scolaires, architectes et designers sont amenés à investir le champ de l’école : de Marcel Lods à Jean Prouvé en France, ou Arne Jacobsen au Danemark. Après la Seconde Guerre mondiale, le mobilier doit s’adapter aux nouveaux types de logements. L’après-guerre voit se développer des ensembles complets de mobiliers pour les chambres d’enfants, ainsi avec Marcel Gascoin, où l’enfant joue et apprend dans sa chambre-salle de classe au milieu de meubles multifonctionnels.
Dans les années 1960-1970, la notion de jeu se retrouve au cœur du mobilier pour enfant. L’essor des matières plastiques autorise un mobilier léger, flexible, empilable, aux couleurs vives. Tous les grands designers, de Verner Panton à Luigi Colani, réalisent des objets pour enfant. En France, Marc Berthier innove avec des ensembles tubulaires modulaires qui permettent de reconfigurer l’espace de vie de l’enfant. En Italie, Bruno Munari entend faire entrer l’art et le jeu dans la vie par le design. Le mobilier pour enfant devient un espace à soi, à s’approprier, à habiter sur le principe de la cabane. Au-delà de la dimension ergonomique et fonctionnelle, vient s’ajouter une valeur ludique et symbolique. Aujourd’hui, des designers comme matali crasset puisent dans l’univers de l’enfance une autre approche du design, basée sur les « objets-situations », l’hybridité, pour nourrir des scénarios évolutifs. Multifonctionnel, transformable, le mobilier pour enfant ouvre sur l’imaginaire du jeu et a renouvelé le langage du design tout au long du 20e siècle jusqu’à aujourd’hui.
Dans les années 1960-1970, la notion de jeu se retrouve au cœur du mobilier pour enfant. L’essor des matières plastiques autorise un mobilier léger, flexible, empilable, aux couleurs vives.
Cette exposition s’inscrit dans l’héritage du Cci (Centre de Création industrielle, qui fusionne en 1992 avec le Musée national d’art moderne) qui organisa plusieurs expositions sur l’enfance, parmi lesquelles « L’enfant » (1970), « Jouer aux Halles » (1970), « L’enfant et les images » (1973), « Avec des jouets par milliers » (1976), « La ville & l’enfant » (1977), « Environnement et petite enfance » (1978), ou encore « Jouets et jeux » (1978). ◼
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Patrick Arlet, Pomme (1971)
Étagères en élaminé
99 x 99 x 99 cm
Collection Centre Pompidou, Paris
Musée national d’art moderne - Centre de création industrielle
© Centre Pompidou, Mnam-Cci/Dist. Rmn-Gp